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toujours en croissant sous la ferme administration du Kaw-djer, la signalèrent à l’attention du monde industriel et commercial. De nouveaux colons y furent attirés, auxquels on concéda libéralement des terres à des conditions avantageuses. On ne tarda pas à savoir que ses forêts, riches en bois de qualité supérieure à celle des bois d’Europe, rendaient jusqu’à quinze et vingt pour cent, ce qui amena l’établissement de plusieurs scieries. En même temps, on trouvait preneur de terrains à mille piastres la lieue superficielle pour des faire-valoir agricoles, et le nombre des têtes de bétail atteignit bientôt plusieurs milliers sur les pâturages de l’île.

La population s’était rapidement augmentée. Aux douze cents naufragés du Jonathan étaient venus s’ajouter, en nombre triple et quadruple du leur, des émigrants de l’ouest des États-Unis, du Chili et de l’Argentine. Neuf ans après la proclamation d’indépendance, huit ans après le coup d’état du Kaw-djer, cinq ans après l’invasion de la horde patagone, Libéria comptait plus de deux mille cinq cents âmes, et l’île Hoste plus de cinq mille.

Il va de soi qu’il s’était fait bien des mariages depuis que Halg avait épousé Graziella. Il convient de citer entre autres ceux d’Edward et de Clary Rhodes. Le jeune homme avait épousé la fille de Germain Rivière, et la jeune fille le Dr Samuel Arvidson. D’autres unions avaient créé des liens entre les familles.

Maintenant, pendant la belle saison, le port recevait de nombreux navires. Le cabotage faisait d’excellentes affaires entre Libéria et les différents comptoirs fondés sur d’autres points de l’île, soit aux environs de la pointe Roons, soit sur les rivages septentrionaux que baigne le canal du Beagle. C’étaient, pour la plupart, des bâtiments de l’archipel des Falklands, dont le trafic prenait chaque année une extension nouvelle.

Et non seulement l’importation et l’exportation s’effectuaient par ces bâtiments des îles anglaises de l’Atlantique, mais de Valparaiso, de Buenos-Ayres, de Montevideo, de Rio de Janeiro, venaient des voiliers et des steamers, et, dans toutes les passes voisines, à la baie de Nassau, au Darwin Sound, sur les eaux du canal du Beagle, on voyait les pavillons danois, norvégien et américain.

Le trafic, pour une grande part, s’alimentait aux pêcheries qui, de tout temps, ont donné d’excellents résultats dans les