Page:Verne - Les Naufragés du Jonathan, Hetzel, 1909.djvu/393

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

heure et il faisait encore grand jour au début de sa faction. Mais celle-ci ne s’achèverait pas avant que la nuit fût complète, et Sirdey aurait, par conséquent, toutes facilités pour s’approcher de l’épaulement. À moins…

À moins que la proposition de l’ancien maître coq du Jonathan ne fût pas sérieuse. Était-il impossible, en effet, qu’ont eût tendu un piège à Patterson, et qu’il s’y fût stupidement laissé prendre ? L’Irlandais fut bientôt rassuré à ce sujet. Sirdey était là, en face de lui, tapi entre les herbes, invisible pour tous, mais visible pour un regard prévenu.

Peu à peu, la nuit tomba. La lune, dans son dernier quartier, n’élèverait qu’à l’aube son mince croissant au-dessus de l’horizon. Dès que l’obscurité fut profonde, Sirdey rampa jusqu’à son complice, puis repartit sans éveiller l’attention.

Tout s’était passé conformément aux conventions. Les deux parties étaient d’accord.

« La quatrième nuit après celle-ci, avait murmuré Patterson dans un souffle.

— Entendu, avait répondu Sirdey.

— Qu’on n’oublie pas les piastres !… Sans ça, rien de fait !

— Sois tranquille. »

Ce court dialogue échangé, Sirdey s’était éloigné. Mais, auparavant, il avait déposé aux pieds du traître un sac qui, en touchant le sol, rendit un son cristallin. C’étaient les huit cents piastres promises. C’était le salaire de Judas.