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Vers huit heures du soir, on partit. La troupe commandée par le Kaw-djer comptait maintenant cent cinquante-six hommes, dont cent deux armés aux dépens des Patagons. Des fantassins la composaient exclusivement, les chevaux ayant été laissés à l’enclos des Rivière. Pour s’introduire dans Libéria et franchir la ligne des ennemis, le Kaw-djer n’avait pas l’intention, en effet, d’appliquer la méthode, assurément courageuse, mais insensée, que ceux-ci avaient mise en pratique lorsqu’il s’était agi de forcer les passages difficiles. Son plan étant d’employer la ruse plutôt que la force, les chevaux eussent été plus gênants qu’utiles.

En trois heures de marche, on arriva en vue de la ville. Dans la nuit alors complètement tombée, une ligne de feux dessinait le camp des Patagons, établi selon un vaste demi-cercle, qui à droite, s’arrêtait au commencement du marécage et s’appuyait, à gauche, sur la rivière. L’investissement était complet. Se glisser inaperçus entre les postes espacés de cent en cent mètres était impraticable.

Le Kaw-djer fit faire halte à son monde. Avant de pousser plus loin, il fallait décider quelle tactique il convenait d’adopter.

Mais les envahisseurs n’étaient pas tous sur la rive droite de la rivière. Quelques-uns au moins avaient dû traverser l’eau en amont de la ville. Tandis que le Kaw-djer réfléchissait, une vive lumière éclata tout à coup dans le Nord-Ouest. C’étaient les maisons du Bourg-Neuf qui brûlaient.