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Kennedy et Sirdey. Dick fit la grimace. Il n’aimait pas tous ces gens-là et particulièrement Fred Moore qu’il considérait comme son ennemi personnel.

Les cinq hommes disparurent dans la grotte, à la grande colère de Dick, qui entendit leurs exclamations d’étonnement lorsqu’ils découvrirent le feu.

« Elle n’est pas à eux, la grotte, » murmura-t-il entre ses dents.

Mais d’autres paroles arrivèrent jusqu’à lui et lui firent dresser l’oreille. On parlait de poudre et de bombe, et ce dernier mot, qu’il comprenait mal, on le mêlait aux noms du gouverneur et d’Hartlepool.

Peut-être était-il trop loin et avait-il mal entendu… Avec précaution il s’approcha de l’entrée de la grotte, jusqu’à une place d’où il pouvait entendre distinctement tout ce qu’on y disait.

Quelqu’un parlait précisément en ce moment. Dick reconnut la voix de Sirdey.

« Et après ?… demandait l’ancien cuisinier qui continuait à jouer auprès de Dorick le rôle du critique.

— Après ?… répéta Dorick d’un ton interrogateur.

— Oui… reprit Sirdey. Ta bombe, ce n’est pas comme le baril. Tu n’as pas la prétention de les tuer tous… Quand tu auras fait sauter le Kaw-djer, il restera Hartlepool et les hommes du poste.

— Qu’importe !… répondit Dorick avec violence. Je ne les crains pas… La tête coupée, le corps ne compte plus. »

Tuer !… Couper la tête au gouverneur !… Dick, devenu soudain sérieux, écoutait en tremblant ces paroles terribles.