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infligée. Seulement… voilà… ça ne me paraît pas commode…

— Très facile, au contraire, répliqua Dorick.

— Comment ?

— C’est bien simple…

Sirdey intervint.

— Ta ! ta ! ta !… Vous allez !… Vous allez !… Qu’est-ce que vous ferez, quand le Kaw-djer sera… supprimé, comme dit Dorick ?

— Ce que nous ferons ?…

— Oui… Un homme de moins, c’est un homme de moins, pas plus. Il restera les autres. Dorick a beau dire, je ne suis pas si sûr que ça qu’ils marcheraient avec nous.

— Ils marcheront, affirma Dorick.

— Hum ! fit Sirdey sceptique. Pas tous, en tous cas.

— Pourquoi pas ?… La veille, on n’a personne, et, le lendemain, on a tout le monde… D’ailleurs, pas besoin de les avoir tous. Il suffit de quelques-uns pour donner le mouvement. Le reste suit.

— Et ces quelques-uns ?…

— On les a.

— Hum !… fit de nouveau Sirdey.

— Il y a nous quatre, d’abord, dit Dorick que cette discussion échauffait.

— Ça ne fait que quatre, observa placidement Sirdey.

— Et Kennedy ?… Peut-on le compter, celui-là ?…

— Oui, accorda Sirdey. Cinq.

— Et Jackson, énuméra Dorick, Smirnoff, Reede, Blumenfeldt, Loreley ?

— Dix.

— Il y en a d’autres. C’est un compte à faire.

— Comptons alors, proposa Sirdey.

— Soit ! » accorda Dorick en tirant de sa poche un crayon et un calepin.

Tous quatre s’assirent sur le sol, et, à tête reposée, firent le dénombrement des forces dont ils croyaient pouvoir disposer, après la disparition de l’homme, qui seul, d’après Dorick, rendait redoutable la puissance éparse de la foule. Chacun citait des noms, qu’on n’inscrivait sur le carnet qu’après discussion approfondie.

Du point élevé qu’ils occupaient, un vaste panorama se développait sous leurs yeux. La rivière, venue de l’Ouest, passait à