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zinc, étain, etc. ; du petit outillage : marteaux, scies, burins, limes, et cent autres ; des machines-outils : forge, perceuse, fraiseuse, tours à bois et à métaux, et beaucoup d’autre choses encore.

En outre, le steamer ne contenait pas que ces objets matériels. Deux cents hommes, composés par moitié de terrassiers et d’ouvriers de bâtiment avaient été amenés par lui. Quand le déchargement du navire fut terminé, ils se joignirent aux colons, et les travaux menés par quatre cent cinquante bras robustes recommencèrent à avancer rapidement.

En quelques jours la route du Bourg-Neuf fut terminée. Pendant que les maçons s’occupaient, les uns, de la construction du pont, les autres, de celle des maisons, on amorça vers l’intérieur une seconde route qui, divisée en nombreuses branches, serpenterait plus tard entre les exploitations, et porterait la vie à travers l’île, artères et veines de ce grand corps jusque-là inerte.

Les Libériens n’étaient pas au bout de leurs surprises. Le 30 janvier, un second steamer arriva. Il provenait de Buenos-Ayres et apportait dans ses flancs, outre des objets analogues aux précédents, une cargaison importante destinée au bazar Rhodes. Il y avait de tout dans cette cargaison, jusqu’à des futilités : plumes, dentelles, rubans, dont pourrait désormais se parer la coquetterie des Hosteliennes.

Deux cents nouveaux travailleurs débarquèrent de ce deuxième steamer, et deux cents encore d’un troisième qui mouilla en rade le 15 février. À dater de ce jour, on disposa de plus de huit cents bras. Le Kaw-djer estima ce nombre suffisant pour commencer la réalisation d’un grand projet. À l’ouest de l’embouchure de la rivière, furent jetées les premières assises d’une digue, qui, dans un avenir prochain, transformerait l’anse du Bourg-Neuf en un port vaste et sûr.

Ainsi peu à peu, sous l’effort de ces centaines de bras que dirigeait une volonté, la ville se bâtissait, se redressait, s’assainissait, se vivifiait. Ainsi peu à peu, surgissait du néant, la cité.