Page:Verne - Les Indes noires, 1877.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
les indes-noires.

Ah ! aucun doute n’est plus possible ! La main d’un homme est dans tout cela ! »

Harry avait parlé avec une telle énergie, que sa conviction passa instantanément et tout entière dans l’esprit de l’ingénieur. Quant au vieil overman, il n’était plus à convaincre. D’ailleurs, on se trouvait en présence d’un fait indéniable : l’obturation des fissures à travers lesquelles le gaz s’échappait librement la veille.

« Prends ton pic, Harry, s’écria Simon Ford. Monte sur mes épaules, mon garçon ! Je suis assez solide encore pour te porter ! »

Harry avait compris. Son père s’accota à la paroi. Harry s’éleva sur ses épaules, de manière que son pic pût atteindre la trace suffisamment visible du lutage. Puis, à coups redoublés, il entama la partie de roche schisteuse que ce lutage recouvrait.

Aussitôt un léger pétillement se produisit, semblable à celui que fait le vin de Champagne lorsqu’il s’échappe d’une bouteille, — bruit qui, dans les houillères anglaises, est connu sous le nom onomatopique de « puff ».

Harry saisit alors sa lampe, et il l’approcha de la fissure…

Une légère détonation se fit entendre, et une petite flamme rouge, un peu bleuâtre à son contour, voltigea sur la paroi, comme eût fait un follet de feu Saint-Elme.

Harry sauta aussitôt à terre, et le vieil overman, ne pouvant contenir sa joie, saisit les mains de l’ingénieur, en s’écriant :

« Hurrah ! hurrah ! hurrah ! monsieur James ! Le grisou brûle ! Donc, le filon est là ! »


VIII

un coup de dynamite.


L’expérience annoncée par le vieil overman avait réussi. L’hydrogène protocarboné, on le sait, ne se développe que dans les gisements houillers. Donc, l’existence d’un filon du précieux combustible ne pouvait être mise en doute. Quelles étaient son importance et sa qualité ? on les déterminerait plus tard.

Telles furent les conséquences que l’ingénieur déduisit du phénomène qu’il venait d’observer. Elles étaient en tout conformes à celles qu’en avait déjà tirées Simon Ford.