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le mariage de nell.

C’était à onze heures, dans la chapelle de Saint-Gilles, élevée sur la rive du lac Malcolm, que la cérémonie allait s’accomplir.

À l’heure dite, on vit sortir du cottage Harry donnant le bras à sa mère, Simon Ford donnant le bras à Nell.

Suivaient l’ingénieur James Starr, impassible en apparence, mais au fond s’attendant à tout, et Jack Ryan, superbe dans ses habits de piper.

Puis, venaient les autres ingénieurs de la mine, les notables de Coal-city, les amis, les compagnons du vieil overman, tous les membres de cette grande famille de mineurs, qui formait la population spéciale de la Nouvelle-Aberfoyle.

Au-dehors, il faisait une de ces journées torrides du mois d’août, qui sont particulièrement pénibles dans les pays du Nord. L’air orageux pénétrait jusque dans les profondeurs de la houillère, où la température s’était élevée d’une façon anormale. L’atmosphère s’y saturait d’électricité, à travers les puits d’aération et le vaste tunnel de Malcolm.

On aurait pu constater — phénomène assez rare — que le baromètre, à Coal-city, avait baissé d’une quantité considérable. C’était à se demander, vraiment, si quelque orage n’allait pas éclater sous la voûte de schiste, qui formait le ciel de l’immense crypte.

Mais la vérité est que personne, au-dedans, ne se préoccupait des menaces atmosphériques du dehors.

Chacun, cela va sans dire, avait revêtu ses plus beaux habits pour la circonstance.

Madge portait un costume qui rappelait ceux du vieux temps. Elle était coiffée d’un « toy », comme les anciennes matrones, et sur ses épaules flottait le « rokelay », sorte de mantille quadrillée que les Écossaises portent avec une certaine élégance.

Nell s’était promise de ne rien laisser voir des agitations de sa pensée. Elle défendit à son cœur de battre, à ses secrètes angoisses de se trahir, et la courageuse enfant parvint à montrer à tous un visage calme et recueilli.

Elle était simplement mise, et la simplicité de son vêtement, qu’elle avait préféré à des ajustements plus riches, ajoutait encore au charme de sa personne. Sa seule coiffure était un « snood », ruban de couleurs variées, dont se parent ordinairement les jeunes Calédoniennes.

Simon Ford avait un habit que n’aurait pas désavoué le digne bailli Nichol Jarvie, de Walter Scott.

Tout ce monde se dirigea vers la chapelle de Saint-Gilles, qui avait été luxueusement décorée.