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peut savoir ce que le génie de la vengeance lui aura inspiré ! Mon devoir est clair. Je serais la plus misérable des créatures si j’hésitais à l’accomplir. Adieu ! et merci ! vous m’avez fait connaître le bonheur dès ce monde ! Quoi qu’il arrive, pensez que mon cœur tout entier restera au milieu de vous ! »

À ces mots, Simon Ford, Madge, Harry fou de douleur, s’étaient levés.

« Quoi, Nell ! s’écrièrent-ils avec désespoir, tu voudrais nous quitter ! »

James Starr les écarta d’un geste plein d’autorité, et, allant droit à Nell, il lui prit les deux mains.

« C’est bien, mon enfant, lui dit-il. Tu as dit ce que tu devais dire ; mais voici ce que nous avons à te répondre. Nous ne te laisserons pas partir, et, s’il le faut, nous te retiendrons par la force. Nous crois-tu donc capables de cette lâcheté d’accepter ton offre généreuse ? Les menaces de Silfax sont redoutables, soit ! Mais, après tout, un homme n’est qu’un homme, et nous prendrons nos précautions. Cependant, peux-tu, dans l’intérêt de Silfax même, nous renseigner sur ses habitudes, nous dire où il se cache ? Nous ne voulons qu’une chose : le mettre hors d’état de nuire, et peut-être le ramener à la raison.

— Vous voulez l’impossible, répondit Nell. Mon grand-père est partout et nulle part. Je n’ai jamais connu ses retraites ! Je ne l’ai jamais vu endormi. Quand il avait trouvé quelque refuge, il me laissait seule et disparaissait. Lorsque j’ai pris ma résolution, monsieur Starr, je savais tout ce que vous pouviez me répondre. Croyez-moi ! Il n’y a qu’un moyen de désarmer mon grand-père : c’est que je parvienne à le retrouver. Il est invisible, lui, mais il voit tout. Demandez-vous comment il aurait découvert vos plus secrètes pensées, depuis la lettre écrite à monsieur Starr, jusqu’au projet de mon mariage avec Harry, s’il n’avait pas l’inexplicable faculté de tout savoir. Mon grand-père, autant que je puis en juger, est, dans sa folie même, un homme puissant par l’esprit. Autrefois, il lui est arrivé de me dire de grandes choses. Il m’a appris Dieu, et ne m’a trompée que sur un point : c’est quand il m’a fait croire que tous les hommes étaient perfides, lorsqu’il a voulu m’inspirer sa haine contre l’humanité tout entière. Lorsque Harry m’a rapportée dans ce cottage, vous avez pensé que j’étais ignorante seulement ! J’étais plus que cela. J’étais épouvantée ! Ah ! pardonnez-moi ! mais, pendant quelques jours, je me suis crue au pouvoir des méchants, et je voulais vous fuir ! Ce qui a commencé à ramener mon esprit au vrai, c’est vous, Madge, non par vos paroles, mais par le spectacle de votre vie, alors que je vous voyais aimée et respectée de votre mari et de votre fils ! Puis, quand j’ai vu ces travailleurs, heureux et bons, vénérer monsieur Starr, dont je les ai crus d’abord les esclaves, lorsque pour la