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les indes-noires.

ment grec. De magnifiques routes plantées rayonnaient de la capitale à la campagne. Au nord, un bras de mer, le golfe de Forth, entaillait profondément la côte, sur laquelle s’ouvrait le port de Leith. Au-dessus, en troisième plan, se développait l’harmonieux littoral du comté de Fife. Une voie, droite comme celle du Pirée, reliait à la mer cette Athènes du Nord. Vers l’ouest s’allongeaient les belles plages de Newhaven et de Porto-Bello, dont le sable teignait en jaune les premières lames du ressac. Au large, quelques chaloupes animaient les eaux du golfe, et deux ou trois steamers empanachaient le ciel d’un cône de fumée noire. Puis, au-delà, verdoyait l’immense campagne. De modestes collines bossuaient çà et là la plaine. Au nord, les Lomond-Hills, dans l’ouest, le Ben-Lomond et le Ben-Ledi réverbéraient les rayons solaires, comme si des glaces éternelles en eussent tapissé les cimes.

Nell ne pouvait parler. Ses lèvres ne murmuraient que des mots vagues. Ses bras frémissaient. Sa tête était prise de vertiges. Un instant, ses forces l’abandonnèrent. Dans cet air si pur, devant ce spectacle sublime, elle se sentit tout à coup faiblir, et tomba sans connaissance dans les bras d’Harry, prêts à la recevoir.

Cette jeune fille, dont la vie s’était écoulée jusqu’alors dans les entrailles du massif terrestre, avait enfin contemplé ce qui constitue presque tout l’univers, tel que l’ont fait le Créateur et l’homme. Ses regards, après avoir plané sur la ville et sur la campagne, venaient de s’étendre, pour la première fois, sur l’immensité de la mer et l’infini du ciel.


CHAPITRE XVIII

du lac lomond au lac katrine.



Harry, portant Nell dans ses bras, suivi de James Starr et de Jack Ryan, redescendit les pentes d’Arthur-Seat. Après quelques heures de repos et un déjeuner réconfortant qui fut pris à Lambret’s-Hotel, on songea à compléter l’excursion par une promenade à travers le pays des lacs.

Nell avait recouvré ses forces. Ses yeux pouvaient désormais s’ouvrir tout grands à la lumière, et ses poumons aspirer largement cet air vivifiant et salubre. Le vert des arbres, la nuance variée des plantes, l’azur du ciel, avaient déployé devant ses regards la gamme des couleurs.