Page:Verne - Les Indes noires, 1877.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.
119
sur l’échelle oscillante.

« Toi ! répéta la jeune fille.

— Oui ! répondit Harry, après un instant de silence, et celle à qui nous devons de vivre, c’était toi, Nell ! Ce ne pouvait être que toi ! »

Nell laissa tomber sa tête entre ses deux mains, sans répondre. Jamais Harry ne l’avait vue aussi vivement impressionnée.

« Ceux qui t’ont sauvée, Nell, ajouta-t-il d’une voix émue, te devaient déjà la vie, et crois-tu qu’ils puissent jamais l’oublier ? »


CHAPITRE XVI

sur l’échelle oscillante



Cependant, les travaux d’exploitation de la Nouvelle-Aberfoyle étaient conduits avec grand profit. Il va sans dire que l’ingénieur James Starr et Simon Ford — les premiers découvreurs de ce riche bassin carbonifère, — participaient largement à ces bénéfices. Harry devenait donc un parti. Mais il ne songeait guère à quitter le cottage. Il avait remplacé son père dans les fonctions d’overman et surveillait assidûment tout ce monde de mineurs.

Jack Ryan était fier et ravi de toute cette fortune qui arrivait à son camarade. Lui aussi, il faisait bien ses affaires. Tous deux se voyaient souvent, soit au cottage, soit dans les travaux du fond. Jack Ryan n’était pas sans avoir observé les sentiments qu’éprouvait Harry pour la jeune fille. Harry n’avouait pas, mais Jack riait à belles dents, lorsque son camarade secouait la tête en signe de dénégation.

Il faut dire que l’un des plus vifs désirs de Jack Ryan était d’accompagner Nell, lorsqu’elle ferait sa première visite à la surface du comté. Il voulait voir ses étonnements, son admiration devant cette nature encore inconnue d’elle. Il espérait bien qu’Harry l’emmènerait pendant cette excursion. Jusqu’ici, cependant, celui-ci ne lui en avait pas fait la proposition, — ce qui ne laissait pas de l’inquiéter un peu.

Un jour, Jack Ryan descendait l’un des puits d’aération par lequel les étages inférieurs de la houillère communiquaient avec la surface du sol. Il avait pris l’une de ces échelles qui, en se relevant et en s’abaissant par oscillations successives, permettent de descendre et de monter sans fatigue. Vingt oscillations de l’appareil l’avaient abaissé de cent cinquante pieds environ, lorsque,