« Voici quelques fragments des échelles, et ce sont des fragments à demi brûlés !
— Brûlés ! répéta Sir W. Elphiston. En effet, voilà des cendres refroidies depuis longtemps !
— Pensez-vous, monsieur, demanda Jack Ryan, que l’ingénieur James Starr ait eu intérêt à brûler ces échelles et à interrompre toute communication avec le dehors ?
— Non, répondit Sir W. Elphiston, qui demeura pensif. — Allons, mon garçon, au cottage ! C’est là que nous saurons la vérité. »
Jack Ryan hocha la tête, en homme peu convaincu. Mais, prenant une lampe des mains d’un agent, il s’avança rapidement à travers la galerie principale de la fosse Dochart.
Tous le suivaient.
Un quart d’heure plus tard, Sir W. Elphiston et ses compagnons avaient atteint l’excavation au fond de laquelle était bâti le cottage de Simon Ford. Aucune lumière n’en éclairait les fenêtres.
Jack Ryan se précipita vers la porte, qu’il repoussa vivement.
Le cottage était abandonné.
On visita les chambres de la sombre habitation. Nulle trace de violence à l’intérieur. Tout était en ordre, comme si la vieille Madge eût encore été là. La réserve de vivres était même abondante, et eût suffi pendant plusieurs jours à la famille Ford.
L’absence des hôtes du cottage était donc inexplicable. Mais pouvait-on constater d’une manière précise à quelle époque ils l’avaient quitté ? — Oui, car, dans ce milieu où ne se succédaient ni les nuits, ni les jours, Madge avait coutume de marquer d’une croix chaque quantième de son calendrier.
Ce calendrier était suspendu au mur de la salle. Or, la dernière croix avait été faite à la date du 6 décembre, c’est-à-dire un jour après l’arrivée de James Starr, — ce que Jack Ryan fut en mesure d’affirmer. Il était donc manifeste que depuis le 6 décembre, c’est-à-dire depuis dix jours, Simon Ford, sa femme, son fils et son hôte avaient quitté le cottage. Une nouvelle exploration de la fosse, entreprise par l’ingénieur, pouvait-elle donner la raison d’une si longue absence ? Non, évidemment.
Ainsi, du moins, le pensa Sir W. Elphiston. Après avoir minutieusement inspecté le cottage, il fut très embarrassé sur ce qu’il convenait de faire.
L’obscurité était profonde. L’éclat des lampes, balancées aux mains des agents, étoilait seulement ces impénétrables ténèbres.