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les frères kip.

connivence pour servir ses projets, c’était l’évidence même. Les naufragés n’étaient point des aventuriers sans remords ni scrupules. Supérieurs à la classe où se recrutent les matelots, leur présence à bord rendait irréalisable toute tentative de révolte.

Aussi se figure-t-on aisément quelles réflexions échangèrent Flig Balt et Vin Mod, dès leur premier entretien, auquel prit part Len Cannon.

Relativement aux frères Kip, l’opinion du maître d’équipage fut que, le cas échéant, ils se rangeraient du côté, de l’armateur et du capitaine.

Toutefois, Len Cannon, jugeant les autres d’après lui-même, ne parut pas être de cet avis :

« Sait-on au juste ce que sont ces Hollandais ?… déclara-t-il. A-t-on vu leurs papiers ?… Non, n’est-ce pas, et pourquoi les croire sur parole ?… Et puisqu’ils ont perdu tout ce qu’ils possédaient dans le naufrage, ils auraient tout à gagner !… J’en ai connu plus d’un qui payait de mine et ne faisait point de manières lorsqu’il s’agissait de quelque bon coup…

— Est-ce toi qui les tâteras ?… demanda Flig Balt en haussant les épaules.

— Moi… non… bien sûr ! répondit Len Cannon. Les matelots n’ont jamais l’occasion de