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les frères kip.

dans l’eau jusqu’à mi-corps. Ils sentaient s’engloutir ce qui restait de la Wilhelmina, et allaient être entraînés dans le tourbillon qui se creusait autour du navire.

« Ne nous séparons pas !… cria Pieter.

— Compte sur moi ! » répondit Karl.

Tous deux étaient bons nageurs. Mais y avait-il une terre à proximité ?… Quelle position occupait le trois-mâts au moment de la collision en cette partie du Pacifique comprise entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande, au-dessous de la Nouvelle-Calédonie, signalée vers l’est quarante-huit heures avant, dans la dernière observation du capitaine Roebok ?

Il va sans dire que le steamer abordeur devait être loin déjà, à moins qu’il n’eût stoppé après le choc. S’il avait mis des embarcations à la mer, comment, au milieu du brouillard, retrouveraient-elles les survivants de cette catastrophe ?…

Karl et Pieter Kip se crurent perdus. Une obscurité profonde enveloppait la mer. Aucun sifflet de machine ni de sirène n’indiquait la présence d’un navire, ni ce mugissement qu’eussent produit les échappements de vapeur, s’il fût resté sur le lieu du sinistre… Pas une seule épave à portée de la main des deux frères…

Pendant une demi-heure ils se soutinrent,