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les deux frères.

faires, moins propre à la direction d’une maison de commerce, il le dépassait en résolution, en énergie comme en force et en endurance physique. Son plus gros chagrin venait de ce que la situation financière de la maison Kip ne lui avait jamais permis de posséder un navire. Karl Kip eût alors fait la navigation de long cours pour son compte. Mais il aurait été impossible de rien distraire des fonds engagés dans le commerce, et le désir du fils aîné n’avait pu être réalisé.

Karl et Pieter étaient unis d’une étroite amitié qu’aucun désaccord n’avait jamais altérée, encore plus liés par la sympathie que par le sang. Entre eux, pas un ombrage, pas un nuage de jalousie ou de rivalité. Chacun restait dans sa sphère. À l’un les lointains voyages, les émotions, les dangers de la mer. À l’autre le travail dans le comptoir d’Amboine et les rapports avec celui de Groningue. La famille leur suffisait. Ils n’avaient point cherché à s’en créer une seconde, à se donner des liens nouveaux qui les eussent séparés peut-être. C’était déjà trop que le père fût en Hollande, Karl en cours de navigation, Pieter aux Moluques. Quant à celui-ci, intelligent, ayant le sens du négoce, il se consacrait entièrement aux affaires. Son associé, Hollandais comme lui, s’appliquait à les développer. Ne