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les deux frères.

hommes. La main dans la main, immobiles, silencieux, ils ne faisaient pas un geste, ils ne proféraient pas un cri. Lorsque le canot évolua pour ranger la pointe, Vin Mod put facilement les apercevoir.

L’un devait être âgé de trente-cinq ans, l’autre de trente. Vêtus d’habits en lambeaux, tête nue, rien n’indiquait qu’ils fussent des marins. À peu près de même taille, ils se ressemblaient assez pour que l’on pût reconnaître en eux deux frères, blonds de cheveux, barbe inculte. En tout cas, ce n’étaient point des indigènes polynésiens.

Et alors, avant même que le débarquement fût effectué, lorsque le capitaine et son fils étaient encore assis sur le banc d’arrière, le plus âgé de ces deux hommes s’avança à l’extrémité de la pointe, et en anglais, mais avec un accent étranger, il cria :

« Merci pour être venus à notre secours… merci !

— Qui êtes-vous ?… demanda M. Gibson des qu’il accosta.

— Des Hollandais.

— Naufragés ?…

— Naufragés de la goëlette Wilhelmina

— Seuls sauvés ?…

— Seuls, ou du moins, après le naufrage, seuls arrivés sur cette côte… »