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les frères kip.

La veille, en pêchant le long de ce banc, Nat Gibson avait remarqué une étroite ouverture qui permettrait de franchir la barrière des récifs. Jusqu’à la pointe il ne resterait plus qu’une distance de sept à huit encâblures.

En moins d’un quart d’heure, l’embarcation atteignit la passe. On aperçut les dernières fumées du foyer qui avait été entretenu toute la nuit et près duquel se tenaient les deux hommes.

À l’avant du canot, Vin Mod, impatient, se retournait pour les voir, si bien qu’il entravait le mouvement des avirons.

« Attention à nager, Mod !… lui cria le capitaine. Tu auras le temps de satisfaire ta curiosité quand nous serons à terre…

— Oui… le temps ! » murmura le matelot, qui, de rage, aurait cassé son aviron.

La passe sinuait entre les têtes de coraux qu’il eût été dangereux d’aborder. Ces arêtes aiguës, coupantes comme acier, eussent vite fait d’endommager la coque d’une embarcation. Aussi M. Gibson ordonna-t-il de modérer la vitesse. Il n’y eut, d’ailleurs, aucune difficulté à rallier l’extrémité de la pointe. La mer, qui sentait la brise du large, poussait l’embarcation. Un assez fort ressac écumait à la base des roches.

Le capitaine et son fils regardaient les deux