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les frères kip.

nombreux rios s’écoulant vers la mer, et on les compte par milliers à travers les épaisses forêts et les verdoyantes plaines de l’île. Tout ce littoral était absolument désert. Pas une cabane sous les arbres, pas une fumée se dégageant des frondaisons, pas une pirogue mouillée au revers des pointes ou tirée sur le sable.

L’animation de la vie ne manquait pas cependant à la région comprise entre la crête des bancs et la terre. Mais elle était uniquement due à la présence des oiseaux aquatiques, qui emplissaient l’air de leurs cris discordants, corbeaux à duvet blanchâtre, coucals à plumage vert, martins-pêcheurs dont le corps est couleur d’aigue-marine, stournes aux yeux de rubis, hirondelles de mer, échenilleurs, gobe-mouches, sans parler des frégates qui passaient à tire-d’aile.

Si Nat Gibson eût apporté son fusil, il aurait fait quelques beaux coups, en pure perte, il est vrai, car ce gibier n’est point comestible. Mieux valait, en prévision du prochain repas, demander à la mer ce que l’air ne pouvait donner, et, en somme, elle se montra généreuse.

Après une heure au pied des bancs, le canot était en mesure de rapporter de quoi nourrir l’équipage pendant deux jours. Le poisson