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LES FRÈRES KIP

Nouvelle-Zélande n’est pas inférieure à celle des Iles-Britanniques, et c’est comme une seconde Grande-Bretagne que le Royaume-Uni possède à ses antipodes dans le Pacifique. Seulement, si l’Angleterre n’est séparée de l’Écosse que par cet étroit fleuve de la Tweed, c’est un bras de mer qui sépare l’île du Nord de l’île du Sud.

Depuis que le James-Cook avait quitté le port de Wellington, les chances de pouvoir s’en emparer étaient assurément diminuées. Flig Balt et Vin Mod s’entretenaient souvent à ce sujet. Et, ce jour-là, à l’heure du déjeuner, qui réunissait dans le rouf M. Hawkins, Nat Gibson et le capitaine, ils en causèrent encore. Vin Mod tenait la barre et ils ne couraient pas le risque d’être entendus des matelots de quart à l’avant.

« Ah ! cet aviso de malheur !… ne cessait de répéter Vin Mod. C’est lui qui a empêché le coup !… Pendant vingt-quatre heures ce satané bâtiment est resté par notre travers !… Si son commandant est jamais envoyé à bout de vergue, je demande à haler sur la corde qui lui serrera le cou !… Ne pouvait-il donc pas continuer sa route au lieu de marcher de conserve avec le brick ?… Sans lui, le James-Cook serait maintenant débarrassé du capitaine et de ses hommes !… Il rallierait les mers de l’Est, avec une bonne cargaison pour les Tonga ou les Fidji…

— Tout ça… c’est des mots ! observa Flig Balt.

— On se soulage comme on peut !… répondit Vin Mod.

— La question est de savoir, reprit le maître d’équipage, si la présence à bord de l’armateur et du fils Gibson ne nous oblige pas à renoncer…

— Jamais ! s’écria Vin Mod. Nos compagnons n’entendent pas ce refrain-là !… Len Cannon et les autres auraient bien trouvé le moyen de filer à Wellington, s’ils avaient pensé que le brick reviendrait tranquillement à Hobart-Town !… Ce qu’ils veulent,