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LES FRÈRES KIP

rien n’empêcherait le brick d’appareiller dès l’aube, plus heureux que d’autres navires de commerce que la désertion de leurs hommes retenait en relâche à Wellington.

Pendant ces courses à travers la ville, au milieu d’une population très affairée, M. Hawkins et ses compagnons rencontrèrent un certain nombre de Maoris de la campagne environnante. Leur importance numérique a bien diminué en Nouvelle-Zélande, comme celle des Australiens en Australie, et surtout celle des Tasmaniens en Tasmanie, puisque les derniers spécimens de cette race ont à peu près disparu. On ne compte actuellement qu’une quarantaine d’indigènes dans l’île du Nord et à peine deux mille dans l’île du Sud. Ces Maoris s’occupent plus spécialement de cultures maraîchères, et principalement de la culture des arbres fruitiers, dont les produits sont très abondants et d’excellente qualité.

Les hommes sont d’un beau type, qui dénote un caractère énergique, une constitution robuste et endurante. Les femmes paraissent leur être inférieures. En tout cas, il faut s’habituer à voir le sexe faible se promener dans les rues la pipe à la bouche et fumer plus immodérément que le sexe fort. On ne s’étonnera donc pas que cela gêne l’échange de politesses avec les dames maories, puisque, d’après les coutumes, il ne s’agit pas seulement de se donner le bonjour ou de se presser la main, mais de se frotter nez contre nez.

Ces indigènes sont, paraît-il, d’origine polynésienne, et il est même possible que les premiers immigrants en Nouvelle-Zélande soient sortis de l’archipel de Tonga-Tabou, qui est situé à quelque douze cents milles dans le nord.

Il y a, en somme, deux raisons pour que cette population soit en voie de décroissance et destinée à disparaître dans l’avenir. La première cause de destruction, c’est la maladie et particulièrement la phtisie pulmonaire, qui exerce de grands ravages dans les