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À WELLINGTON.

— Fais donc, mon enfant, répondît le capitaine, me voici prêt au sacrifice…

— Et quelle attitude vas-tu prendre ?… demanda plaisamment l’armateur… celle du marin qui part ou celle du marin qui arrive ?… Sera-ce la posture du commandant… le bras étendu vers l’horizon… la main tenant le sextant ou la longue-vue… la pose du maître après Dieu ?…

— Celle que tu voudras, Hawkins…

— Et puis, pendant que tu seras campé devant notre appareil, tâche de penser à quelque chose !… Cela donne plus d’expression à la physionomie !… À quoi penseras-tu ?…

— Je penserai à ma chère femme, répondit M. Gibson, à mon fils… et à toi… mon ami…

— Alors, nous obtiendrons une magnifique épreuve ! »

Nat Gibson possédait un de ces appareils portatifs perfectionnés qui donnent le négatif en quelques secondes. M. Gibson fut très réussi, paraît-il, à ce que dit son fils, lorsqu’il eut examiné le cliché, dont l’épreuve serait laissée aux soins de M. Balfour.

M. Hawkins, le capitaine et Nat quittèrent alors le comptoir afin de se procurer tout ce qu’exigeait une navigation de neuf à dix semaines. Les entrepôts ne manquent point à Wellington, et on y trouve les divers approvisionnements maritimes : produits alimentaires, engins de bord, agrès, poulies, cordages, ustensiles, voiles de rechange, instruments de pêche, barils de brai et de goudron, outils de calfat et de charpentier. Mais, sauf quelques glènes de filin à remplacer, les besoins du brick se bornaient à ce qui concernait la nourriture des passagers et de l’équipage. Cela fut vite acheté, réglé, puis expédié au James-Cook, dès que les matelots Wickley, Hobbes et le maître-coq furent arrivés.

En même temps, M. Gibson remplit les formalités qui sont obligatoires pour tout bâtiment à son entrée et à sa sortie. Donc