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LES FRÈRES KIP

qu’il venait de fonder à Wellington devait plus spécialement entretenir ces relations par les soins de M. Balfour et de Nat Gibson, qui serait installé près de lui dans quelques mois.

Le déjeuner achevé, M. Gibson voulut s’occuper des approvisionnements du brick que le cuisinier viendrait chercher dans l’après-midi : conserves, volailles, porcs, farine, légumes secs, fromages, bière, gin et sherry, café et épiceries de diverses sortes.

« Père, tu ne sortiras pas d’ici avant que j’aie fait ton portrait !… déclara Nat.

— Comment… encore !… s’écria le capitaine.

— Voilà, mon ami, ajouta M. Hawkins, nous sommes tous les deux possédés du démon de la photographie, et nous ne laissons aucun repos aux gens tant qu’ils n’ont pas posé devant notre objectif !… Ainsi il faut te soumettre de bonne grâce !…

— Mais j’en ai déjà deux ou trois de ces portraits, chez moi, à Hobart-Town !…

— Eh bien, cela fera un de plus, répondit Nat Gibson, et, puisque nous partons demain, M. Balfour se chargera de l’expédier à ma mère par le prochain courrier,

— C’est entendu, dit M. Balfour.

— Vois-tu, père, reprit le jeune homme, un portrait, c’est comme un poisson… Il n’a de valeur que lorsqu’il est frais !… Songe donc, tu as maintenant dix mois de plus qu’à l’époque de ton départ d’Hobart-Town, et je suis sûr que tu ne ressembles pas à ta dernière photographie, celle qui est placée sur la cheminée de ta chambre…

— Nat a raison, confirma M. Hawkins en riant. C’est à peine si je t’ai reconnu ce matin !

— Par exemple !… s’écria M. Gibson.

— Non… je t’assure !… Il n’y a rien qui vous change comme dix mois de navigation !…