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À WELLINGTON.

— Aussi ai-je eu la précaution de ne permettre à personne de débarquer sous aucun prétexte… pas même au cuisinier Koa…

— C’est prudent, père, ajouta Nat Gibson… il y a dans le port une demi-douzaine de navires qui ne peuvent prendre la mer faute de matelots.

— Cela ne m’étonne pas, répondit Harry Gibson. Aussi je compte mettre à la voile dès que nous aurons embarqué nos provisions, et assurément nous serons parés demain dès la première heure. »

Au moment où le capitaine prononça le nom du maître d’équipage, M. Hawkins n’avait pu retenir un geste assez significatif.

« Si je t’ai parlé de Flig Balt, reprit-il alors, c’est qu’il ne m’avait pas fait très bonne impression quand nous l’avons engagé à Hobart-Town,

— Oui… je sais, répondit le capitaine, mais tes préventions ne sont point justifiées… Il remplit ses fonctions avec zèle, les hommes savent qu’il faut lui obéir, et, je te le répète, le service du bord n’a rien laissé à désirer.

— Tant mieux, Gibson, je préfère m’être trompé à son égard, et du moment qu’il t’inspire confiance…

— D’ailleurs, Hawkins, lorsqu’il s’agit de la manœuvre, je ne m’en rapporte qu’à moi seul, tu le sais, et j’abandonne volontiers le reste à mon maître d’équipage. Depuis notre départ, je n’ai pas eu un reproche à lui adresser, et s’il veut rembarquer sur le brick à son prochain voyage…

— Cela te regarde, après tout, mon cher ami, répondit M. Hawkins. Tu es le meilleur juge de ce qu’il convient de faire. »

On le voit, la confiance que Flig Balt inspirait à Harry Gibson, confiance fort mal placée, était entière, tant ce fourbe avait su jouer son jeu comme Vin Mod. C’est pourquoi, lorsque M. Hawkins demanda encore si le capitaine était sûr des quatre matelots qui n’avaient point déserté :