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LES FRÈRES KIP

Wellington jouit d’un confort exceptionnel que pourraient envier nombre de villes de l’Ancien et du Nouveau Monde.

Si le James-Cook n’avait point porte ses amarres à quai, c’était pour cette raison que le capitaine Gibson voulait rendre plus difficile la désertion des hommes. La fièvre de l’or exerçait autant de ravages à Wellington qu’à Dunedin et dans les autres ports néozélandais. Plusieurs navires se trouvaient dans l’impossibilité d’appareiller. M. Gibson devait donc prendre toutes précautions pour garder son équipage au complet, même ces recrues des Three-Magpies qu’il eût cependant et très volontiers échangées contre d’autres. D’ailleurs, sa relâche à Wellington allait être de très courte durée — à peine vingt-quatre heures.

Les premières personnes qui reçurent sa visite furent M. Hawkins et Nat Gibson. Le capitaine s’était fait mettre à terre dès son arrivée, et huit heures sonnaient lorsqu’il se présenta au comptoir de M. Hawkins, situé à l’extrémité d’une des rues qui débouchent sur le port.

« Mon père !…

— Mon ami ! »

Ainsi Harry Gibson fut-il accueilli à son entrée dans le bureau. Il avait devancé son fils et M. Hawkins, qui se disposaient à descendre sur le quai, ce qu’ils faisaient chaque matin, pour voir si le James-Cook ne serait pas enfin signalé par la vigie du sémaphore.

Le jeune homme s’était d’abord jeté au cou de son père, puis l’armateur pressa celui-ci dans ses bras.

M. Hawkins, âgé de cinquante ans à cette époque, était un homme de moyenne taille, cheveux grisonnants, les yeux clairs et doux, bonne santé, bonne constitution, très ingambe, très actif, très entendu au commerce, très hardi en affaires. On sait que sa situation à Hobart-Town donnait toute sécurité, et il aurait