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LES FRÈRES KIP

étant donnée sa marche, il aurait bientôt dépassé le brick.

C’était un aviso de l’État qui n’avait pas encore amené ses couleurs. Or, à cet instant, un coup de fusil se fît entendre, et le pavillon britannique descendit de la corne de brigantine.

Harry Gibson était resté sur le pont. Allait-il donc y demeurer tant que serait en vue cet aviso, qui faisait la même route que le James-Cook, soit qu’il eût l’intention de traverser le détroit, soit qu’il fût à destination de Wellington ?…

Voilà ce que se demandaient Flig Balt et Vin Mod, non sans une certaine appréhension, et même une certaine impatience, tant il leur tardait d’être seuls sur le pont.

Une heure s’écoula. M. Gibson, assis près du rouf, ne paraissait point songer à rentrer. Il échangeait quelques mots avec l’homme de barre, Hobbes, et observait l’aviso, qui ne se trouvait pas à un mille du brick.

Que l’on juge donc du désappointement de Flig Balt, de ses complices, un désappointement qui tournait à la rage. Le bâtiment anglais ne marchait plus qu’à petite vitesse et sa vapeur fusait par le tuyau d’échappement. Il se berçait aux ondulations de la longue houle, troublant à peine les eaux des battements de son hélice, ne faisant pas plus de sillage que le James-Cook.

Pourquoi cet aviso avait-il donc ralenti sa marche ?… Était-ce quelque accident survenu à sa machine ?… Ou plutôt ne voulait-il pas entrer de nuit dans le port de Wellington, dont les passes sont assez difficiles ?…

Enfin, pour une de ces raisons, sans doute, il semblait devoir rester jusqu’à l’aube sous petite vapeur, et, par conséquent, en vue du brick.

Cela était bien pour désappointer Flig Balt, Vin Mod et les autres, pour les inquiéter aussi.

En effet, Len Cannon, Sexton, Kyle, Bryce, eurent d’abord la