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LES FRÈRES KIP

— C’est probable, monsieur Gibson…

— Et, somme toute, si je pouvais m’arranger de ceux-ci…

— Ce serait pour le mieux ! » répondit Flig Balt.

Le James-Cook, en remontant vers le nord, prolongeait la côte à trois ou quatre milles seulement. Les détails en apparaissaient avec netteté sous l’embrasement des rayons solaires. Les hautes chaînes du Kaikoura qui sillonnent la province de Malborough dessinaient leurs capricieuses arêtes à une hauteur de dix mille pieds. Sur leurs flancs s’étageaient les épaisses forêts dorées par la lumière, en même temps que les cours d’eau s’épanchaient vers le littoral.

Cependant la brise montrait une tendance à calmir, et le brick, ce jour-là, ferait moins de route que la veille. D’où probabilité qu’il n’arriverait pas la nuit à Wellington.

Vers cinq heures de l’après-midi, on avait seulement connaissance des hauteurs du Ben More, dans le sud du petit port de Flaxbourne. Il faudrait encore de cinq à six heures pour se trouver à l’ouvert du détroit de Cook. Comme ce passage s’oriente du sud au nord, il ne serait pas nécessaire de modifier l’allure du navire.

Flig Balt et Vin Mod étaient donc assurés d’avoir toute la nuit pour accomplir leurs projets.

Il va sans dire que le concours de Len Cannon et de ses camarades était acquis. Sexton et Bryce, leur ivresse dissipée, Kyle déjà prévenu, n’avaient fait aucune observation. Vin Mod ayant appuyé Len Cannon, on n’attendait plus que le moment d’agir. Voici dans quelles conditions.

Entre minuit et une heure du matin, tandis que le capitaine serait endormi, Vin Mod et Len Cannon pénétreraient dans sa cabine, le bâillonneraient, l’enlèveraient et le jetteraient à la mer avant qu’il eût le temps de pousser un cri. À ce moment, Hobbes et Burnes,