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LES FRÈRES KIP

rébellion contre lui, s’emparer du brick, en changer le nom et, au besoin, la nationalité, trafiquer à travers le Pacifique à parts égales dans les profits, cela était bien pour séduire ce coquin. Néanmoins, il voulait des garanties, il entendait avoir l’assurance que le maître d’équipage connivait avec Vin Mod.

« Ce soir, après le quart de huit heures, pendant que tu seras à la barre, Flig Balt te parlera, Len… Ouvre l’oreille…

— Et c’est lui qui commandera le James-Cook ?… demanda Len Cannon, qui eut sans doute préféré n’être sous les ordres de personne.

— Eh oui… mille diables !… répliqua Vin Mod. Il faut bien avoir un capitaine !… Seulement, c’est toi, Len, tes camarades et nous tous qui serons les armateurs…

— Convenu, Mod… Dès que je serai seul avec Sexton, Bryce et Kyle, je leur toucherai deux mots de l’affaire…

— C’est que cela presse…

— Tant que cela ?…

— Oui… cette nuit, et, une fois les maîtres à bord, on prendrait le large !… »

Et alors Vin Mod expliqua pourquoi le coup devait être exécuté avant l’arrivée à Wellington, où embarqueraient M. Hawkins et le fils Gibson…

Avec deux hommes de plus, la partie serait moins sûre… Dans tous les cas, si ce n’était pas cette nuit, il fallait que ce fût l’autre, pas plus tard… ou il y aurait moins de chance de réussir. Len Cannon comprit ces raisons. Le soir venu, il préviendrait ses camarades dont il répondait comme de lui, Du moment que le maître d’équipage ordonnerait, ils obéiraient au maître d’équipage… Mais, d’abord, Flig Balt devrait confirmer tout ce que venait de dire Vin Mod… Deux mots suffiraient et une poignée de main pour sceller le pacte… Eh, par saint Patrick ! Len Cannon n’exigerait