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CONCLUSION.

Nat Gibson s’arrêta, à demi courbé, les mains tendues vers les deux frères…

« Karl… Pieter… s’écria-t-il, pardonnez-moi… pardonnez-moi !… »

Ceux-ci ne comprenaient pas… ils ne pouvaient comprendre… Le fils du capitaine Gibson qui les suppliait… qui implorait leur pardon…

« Innocents !… cria alors par trois fois M. Hawkins. Nous avons enfin la preuve de votre innocence…

— Et moi qui ai pu croire !… » reprit Nat Gibson en tombant dans les bras que lui ouvrait Karl Kip.

Cette affaire de révision ne prit d’autre temps que celui des formalités légales. Il fut maintenant facile de rétablir les faits de la cause : c’était sur l’épave de la Wilhelmina qu’avait été trouvé le poignard malais appartenant aux frères Kip… C’était Vin Mod qui l’y avait volé et rapporté à bord… C’était cette arme dont Flig Balt ou lui s’étaient servis pour commettre le crime, et avec l’intention que ce crime pût être attribué aux deux passagers du James-Cook… C’étaient eux qui, plus tard, avaient laissé voir ce kriss au mousse Jim dans la cabine des deux frères… Quant aux papiers, à l’argent, au kriss saisis dans la chambre de l’auberge du Great-Old-Man, ils y avaient été déposés la veille du jour où Flig Balt allait être traduit devant le tribunal maritime… Cela n’avait pu être fait que par le complice du maître d’équipage, resté libre, par le matelot Vin Mod…

Et alors, plus de doute que l’homme qui avait, à cette époque, occupé dans l’auberge la chambre voisine de celle des frères Kip ne fût Vin Mod… Dès l’arrivée du James-Cook, après s’être assuré que Karl et Pieter Kip logeraient en cette auberge, il était venu y retenir une chambre…

Déguisé probablement afin de n’être point reconnu, en attendant le moment d’exécuter son projet, il avait glissé les papiers, les piastres, le kriss dans la valise