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LES FRÈRES KIP

le magistrat n’hésiterait pas à introduire la demande en révision.

Ce fut aussi l’opinion de ce magistrat au bureau duquel se transporta M. Hawkins en quittant la résidence. Il avait voulu faire ces deux visites avant de se rendre à la prison avec M. Zieger et Nat Gibson. Il ne s’agissait plus, à présent, de présomptions, mais de certitudes. C’était justement que tout le passé des deux frères protestait contre la sentence de la Cour criminelle !… Les auteurs de l’attentat étaient connus… C’était la victime qui les avait désignés elle-même… l’ancien maître d’équipage du James-Cook et le matelot Vin Mod !…

Comment cette nouvelle se répandit-elle dans toute la ville ?… Où prit-elle naissance ?… Qui fut le premier à raconter la découverte faite dans l’atelier de M. Hawkins ?… On l’ignore !…

Mais, ce qui est certain, c’est que cela fut connu avant même que l’armateur se fût rendu à la Résidence. Aussi une foule aussi bruyante que passionnée s’amassa-t-elle bientôt devant la prison.

Du fond de leur cellule, Karl et Pieter Kip crurent entendre un gros tumulte, de longs cris qui traversaient l’air, et au milieu de ces cris leurs noms mille fois répétés…

Ils se rapprochèrent tous les deux de l’étroite fenêtre grillée qui s’ouvrait sur une cour intérieure. Ils écoutaient, en proie à la plus vive anxiété. Mais, de cette fenêtre, impossible de rien voir de ce qui se passait dans les rues voisines.

« Qu’y a-t-il donc ?… demanda Karl Kip. Vient-on nous chercher pour nous ramener au bagne ?… Ah ! plutôt que d’aller reprendre cette vie épouvantable… »

Pieter Kip ne répondit rien, cette fois.

En ce moment, des pas précipités résonnèrent à travers le couloir. La porte de la cellule s’ouvrit.

Nat Gibson parut sur le seuil, accompagné de M. Hawkins et de M. Zieger.