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CONCLUSION.

concours de toutes ces circonstances, le désir exprimé par M. Zieger d’emporter à Port-Praslin la photographie agrandie du capitaine Gibson, cet agrandissement obtenu dans l’atelier de l’armateur. Et lorsque Nat Gibson s’est approché pour baiser le portrait de son père, voici qu’il a cru apercevoir au fond des yeux deux points brillants… Il a pris une loupe, et, distinctement, il a vu, il a reconnu la figure du maître d’équipage et celle de son complice…

Maintenant M. Hawkins, M. Zieger les ont vues, les ont reconnues après lui !… Ce n’étaient pas Karl et Pieter Kip dont l’œil du mort avait conservé l’image… c’était Flig Balt, c’était Vin Mod !

Il existait donc, enfin, le fait nouveau, l’indiscutable présomption de l’innocence des accusés, qui permettrait de faire la révision du procès !… Aurait-on pu mettre en doute l’authenticité de la première épreuve faite à Kerawara ?… Non, car elle avait déjà figuré au dossier criminel, et l’agrandissement qui venait d’être obtenu n’en était que la fidèle reproduction ?…

« Ah ! les malheureux !… les malheureux !… s’écria Nat Gibson. Innocents… et moi, tandis que vous les croyiez injustement condamnés… et vouliez les sauver…

— Mais c’est toi qui les sauves, Nat !… répondit M. Hawkins. Oui… toi… qui viens de voir ce que personne de nous n’aurait vu peut-être !… »

Une demi-heure après, muni de la grande et de la petite épreuve, l’armateur se présentait à la résidence et demandait à être reçu immédiatement par Son Excellence.

Sir Edward Carrigan donna ordre d’introduire M. Hawkins dans son cabinet.

Dès qu’il eut été mis au courant, le gouverneur déclara qu’il ressortait de ce fait une preuve matérielle d’une indiscutabilité absolue. L’innocence des frères Kip, l’injustice de la condamnation qui les avait frappés, tout cela était l’évidence même, et