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LES FRÈRES KIP

que M. Hawkins lui fît une reproduction agrandie de la tête du capitaine, afin de la placer dans le salon de Wilhelmstaf.

L’armateur consentit volontiers au désir de M. Zieger. Il serait tiré plusieurs épreuves de ce nouveau cliché, qui resteraient entre les mains des familles Gibson, Hawkins et Zieger.

Le 27 juillet, dans la matinée, M. Hawkins procéda à cette opération dans son atelier, pourvu des meilleurs appareils, qui dès cette époque, grâce aux substances accélératrices, permettaient d’obtenir de véritables œuvres d’art. Voulant opérer dans les conditions les plus favorables, il se servit du cliché négatif fait à Kerawara, et sur lequel il ne prit que la tête du capitaine Gibson.

Après avoir placé ce cliché dans la chambre d’agrandissement, il mit son appareil au point de manière à obtenir une épreuve de grandeur naturelle.

Comme le jour était excellent, quelques instants suffirent, et la nouvelle photographie fut disposée dans un cadre placé sur un chevalet au milieu de l’atelier.

L’après-midi, M. Zieger et Nat Gibson, prévenus par M. Hawkins, se rendirent chez lui.

Il serait difficile de peindre leur émotion, lorsqu’ils se trouvèrent devant cette fidèle image d’Harry Gibson, le vivant portrait de l’infortuné capitaine.

C’était bien lui, sa figure sérieuse et sympathique tout empreinte d’une mortelle angoisse, tel qu’il avait été au moment où les meurtriers venaient de le frapper au cœur… à l’instant où il les regardait de ses yeux démesurément ouverts…

Nat Gibson s’était approché du chevalet, la poitrine gonflée de sanglots, en proie à une douleur que partageaient M. Hawkins et M. Zieger, tant il leur semblait que le capitaine fût là vivant devant eux…

Puis le fils se courba pour baiser le front de son père…