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XV

le fait nouveau.


Non ! ce ne devait être qu’un de ces faux bruits qui prennent naissance on ne sait où, qui se répandent on ne sait comment, et dont le bon sens public a bientôt fait justice.

Était-il admissible que les frères Kip, après avoir eu cette chance inespérée de s’enfuir en Amérique, fussent revenus en Tasmanie ?… Eux, les assassins du capitaine Gibson, — eux de retour ?… Est-ce donc que le navire sur lequel ils avaient pris passage en quittant San Francisco avait été contraint de relâcher sur rade d’Hobart-Town ?… Et, alors, reconnus, dénoncés, appréhendés, ils auraient été conduits en prison en attendant de réintégrer le pénitencier où l’on saurait bien empêcher toute nouvelle tentative de fuite ?… Quant à penser qu’ils fussent revenus d’eux-mêmes, qu’ils eussent commis une pareille imprudence, c’était inadmissible.

Quoi qu’il en soit, — et les plus impatients purent s’en convaincre dès le matin, — Karl et Pieter Kip étaient enfermés dans la prison depuis la veille. Toutefois, le gardien chef ne consentait point à dire dans quelles conditions ils y avaient été amenés, ni de quelle manière s’était effectuée leur arrestation.

Cependant, si ce fait paraissait inexplicable, il y eut un homme auquel sa conviction en suggéra l’explication véritable. Une révélation se produisit dans son esprit, — il serait plus juste de dire dans son cœur. Ce fut la solution du problème qu’il se posait depuis l’invraisemblable évasion des frères Kip.