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LES FRÈRES KIP

Presque aussitôt apparurent une douzaine de constables, le revolver à la main, en s’appelant :

« Par ici… par ici !…

— Ils sont là… tous trois…

— À la pointe… à la pointe !…

— Voici un canot qui s’approche !… »

O’Brien n’avait pas fait erreur. Une embarcation tentait de donner dans la petite crique… Si ses compagnons et lui n’avaient pu l’apercevoir, c’est qu’elle n’était pas visible du pied de la falaise. Mais l’attention des constables, postés sur la crête, avait été attirée par ce canot, qui, après avoir longé la côte, essayait de se glisser entre les récifs. Ils ne mettaient pas en doute que ce ne fût pour prendre les Irlandais. Puis, en observant le large, ils finirent par constater la présence très suspecte d’un bâtiment à travers cette partie de la baie.

C’est aussi ce qu’avaient remarqué deux convicts, occupés sur la limite de la clairière, et qui avaient gagné le sommet de la falaise.

C’étaient Karl et Pieter Kip.

On imagine aisément de quelles obsessions les deux frères avaient été assaillis pendant toute cette journée !… Ils savaient bien que le mauvais temps de la veille n’aurait pas permis au navire américain de rallier la presqu’île Tasman… Ils se disaient que les trois fugitifs, après avoir atteint la pointe Saint-James, avaient dû se cacher dans quelque excavation pendant toute la nuit et toute la journée suivante !… Et comment s’étaient-ils procuré un peu de nourriture ?…

Il est vrai, la tempête avait pris fin depuis une quinzaine d’heures, laissant la baie praticable. Ce qui n’avait pu être la veille se ferait probablement le soir même, lorsque l’obscurité le permettrait.

Comme d’habitude, dès le matin, les frères Kip avaient quitté le