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LES FRÈRES KIP

« Oui… oui !… répéta Farnham. C’est le choc des avirons contre les tollets… Un canot est là…

— Et c’est celui de l’Illinois !… » répondit O’Brien.

En effet, ce ne pouvait être que l’embarcation envoyée par le steamer à l’endroit convenu. Mais, au milieu de l’obscurité croissante, c’est en vain que les fugitifs tâchaient d’apercevoir le navire. Peut-être se tenait-il à un bon mille au large, autant pour ne point être signalé à proximité du littoral que pour ne pas approcher de trop près cette côte semée de récifs.

Il n’y avait donc qu’à se porter à l’extrémité de la pointe, pour y guetter le canot, le héler au besoin, lui indiquer la direction, entre les récifs, puis sauter dedans dès qu’il aurait accosté les dernières roches…

Or, voici que des aboiements retentirent sur le haut de la falaise, et des cris s’y joignirent aussitôt.

La crête était alors occupée par un détachement de constables, accompagnés d’une douzaine de chiens. Après avoir longé la lisière de la forêt, ils étaient revenus vers la côte.

Non loin de là, les escouades qui travaillaient sur la clairière se préparaient à regagner Port-Arthur.

Aux cris poussés par les constables, O’Brien, Macarthy, Farnham, comprirent qu’ils étaient découverts. On les avait aperçus tandis qu’ils traversaient la grève… Peut-être même l’appel d’O’Brien les avait-il trahis ?…

Maintenant, leur unique chance de salut, c’était l’arrivée du canot, et il ne dépendait pas d’eux de la hâter !… Et s’ils ne s’étaient pas trompés, si l’embarcation s’approchait, pourrait-elle les recueillir avant que les constables les eussent rejoints à l’extrémité de la pointe ?… Et puis les matelots qui la montaient oseraient-ils accoster en entendant le bruit d’une lutte ?… D’ailleurs, seraient-ils en force pour attaquer les constables, pour