milles, les fugitifs eussent entendu le bruit d’un steamer en marche vers la côte, et, même à cinq ou six encablures, le bruit d’un canot poussé par ses avirons.
O’Brien, ne tenant plus en place, voulut, malgré ses compagnons, gagner la pointe Saint-James.
C’était imprudent, car il faisait un peu jour encore, et, du haut de la falaise, des constables auraient pu l’apercevoir. Il semblait bien toutefois que cette partie du littoral fût déserte.
En rampant sur le sable, O’Brien atteignit l’endroit où la pointe Saint-James se soude à la grève. Là s’entassaient d’énormes roches tapissées de varechs, dont le prolongement, découvert à mer basse, s’avançait de deux à trois cents pieds au large en se recourbant vers le nord.
À cet instant, la voix d’O’Brien parvint jusqu’à Farnham, blotti près de Macarthy au fond de l’anfractuosité.
« À la pointe… à la pointe ! » criait-il.
Avait-il aperçu une embarcation, ou tout au moins surpris quelque bruit d’avirons ?… Dans tous les cas, il fallait le rejoindre sans hésiter.
C’est ce que Farnham et Macarthy firent aussitôt, en se traînant à travers la grève.
Lorsque tous trois furent réunis au pied des premières roches, O’Brien dit :
« J’ai cru… oui… je crois… Un canot vient…
— De quel côté ?… demanda Macarthy.
— De celui-ci. »
Et O’Brien indiquait le nord-ouest.
C’était précisément la direction que devait suivre une embarcation qui eût cherché à pénétrer dans la crique au dedans des récifs.
Macarthy et Farnham écoutèrent. Eux aussi ils saisirent des coups rythmés. Nul doute, un canot venait du large, s’avançant avec lenteur, comme incertain de sa route.