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XIII

l’évasion.


Le danger était éloigné, non conjuré. Après la forêt, les poursuites porteraient sur tous les points du littoral.

Il convient de le redire, au pénitencier de Port-Arthur, si les évasions ont quelquefois réussi, c’est à la condition d’avoir été effectuées par mer. Ou les convicts parviennent à s’emparer d’une embarcation, ou ils l’ont construite eux-mêmes et peuvent ainsi gagner quelque autre point de Storm-Bay. Quant à tenter de traverser l’isthme, cette tentative était considérée comme impossible. Aussi, ceux des fugitifs qui se cachèrent dans les bois furent-ils toujours repris, après quelques semaines. Le capitaine-commandant ne l’ignorait pas, et la recherche des évadés était toujours dirigée à travers la forêt, lorsque le temps empêchait la fuite par mer.

Or, puisque la tourmente s’apaisait, puisque le littoral de la presqu’île allait redevenir accostable, les détachements de constables en visiteraient les criques dès le lendemain sans doute.

C’est bien ce que répétaient O’Brien, Macarthy, Farnham, avec quelles appréhensions, avec quelles impatiences ! Combien les heures de cet après-midi leur parurent interminables, sans une alerte, écoutant les bruits du dehors, croyant entendre des pas sur la grève, les aboiements de ces féroces limiers, craignant à chaque instant de voir apparaître un de ces chiens qui se précipiterait sur eux !…