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LA POINTE SAINT-JAMES.

au large, tandis que l’embrun des lames, soulevé par la rafale, s’éparpillait jusqu’à la crête !…

Farnham et ses compagnons se portèrent alors vers la gauche, puis descendirent sur la grève, de manière à gagner l’extrémité de la pointe.

C’était une sorte de cap étroit, encombré de roches, troué de flaques, qui se prolongeait de deux à trois cents pieds et dont la courbure formait une petite crique ouverte vers le nord. Une embarcation y eût trouvé des eaux plus tranquilles si elle eût réussi à se dégager des récifs contre lesquels la mer brisait avec une extraordinaire violence.

Parvenus à cette extrémité, après avoir eu à lutter contre la tourmente, les fugitifs se mirent à l’abri d’une haute roche. Le billet apporté par Walter leur prescrivait de se trouver à cette date sur la pointe Saint-James, et ils y étaient, bien qu’ils n’eussent pas l’espoir d’être recueillis, ce soir-là du moins. D’ailleurs, les termes du billet prévoyaient ce retard, et leur mémoire les conservait mot pour mot :

« Si le temps n’a pas permis au navire de quitter la rade d’Hobart-Town et de traverser la baie, attendre qu’il arrive en vue de la pointe, et veiller depuis le coucher jusqu’au lever du soleil. »

Il n’y avait qu’à suivre ces prescriptions.

« Cherchons un abri, dit O’Brien, quelque trou de la falaise où nous puissions passer la nuit et la journée de demain…

— Sans nous éloigner de la pointe, fit observer Macarthy.

— Venez », répondit Farnham.

En prévision de mauvais temps, celui-ci avait eu soin de visiter cette grève sauvage et déserte pendant sa dernière sortie du dimanche. Peut-être à sa base la falaise offrirait-elle quelque anfractuosité où les trois fugitifs sauraient se cacher jusqu’à l’arrivée de l’embarcation ?… Farnham ayant découvert cette anfrac-