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LE BILLET.

groupes séparés, ce qui serait plus facile que dans les salles, puis de leur remettre le billet en disant :

« Voici un billet que j’ai ramassé… Personne autre que mon frère et moi n’en a eu connaissance… À vous de voir ce que vous avez à faire ! »

Puis Pieter Kip se retirerait.

Or, comme il n’était point interdit aux convicts de causer entre eux, il ne semblait pas que le projet de Pieter Kip pût entraîner quelques risques. Il ne s’agissait, après tout, que de glisser le billet entre les mains d’O’Brien ou de son compagnon, en leur indiquant sa provenance.

Par malheur, ce qui eût été facile lorsque les convicts se groupaient à travers les cours le serait moins s’ils se réfugiaient sous les préaux ou dans les salles communes. Là, ces huit ou neuf cents prisonniers étaient plus étroitement entassés sous la surveillance des constables.

Et c’est précisément ce qu’une succession d’averses violentes les obligea de faire avant la fin de l’après-midi. Les salles durent être réintégrées, et, pas un instant, ni Karl ni Pieter Kip ne trouvèrent l’occasion de se rapprocher des deux Irlandais.

Et, cependant, il importait qu’O’Brien et Macarthy fussent mis au courant ce jour même.

On était au 4 mai, et le billet indiquait la date du lendemain pour le rendez-vous à la pointe Saint-James, où l’embarcation devait attendre les fugitifs.

Quant à gagner l’endroit convenu, voici comment les frères Kip comprenaient que cela pourrait se faire : le lendemain, les convicts devaient être employés dans la partie de la forêt que l’administration faisait défricher. Ces travaux se prolongeaient d’ordinaire jusqu’à six heures du soir. Ce serait ce moment-là, sans doute, avant la concentration des diverses escouades pour le retour à Port-Arthur, que