« Mais, reprit Karl Kip, ils ne sont que deux fenians au pénitencier, et, si tu as bien lu… si j’ai bien compris… il est question de trois fugitifs… »
Évidemment, cela devait être inexplicable pour les deux frères, qui ne connaissaient pas, qui ne soupçonnaient même pas la connivence de Farnham et de ses compatriotes…
« Trois ?… répétait Karl Kip. Quel est donc celui qui doit s’évader avec eux ?…
— Le troisième, répondit Pieter Kip, c’est peut-être le porteur de ce billet !… Et, j’y pense, ne serait-ce pas cet homme que nous avons vu rôder sur la route ?… Il cherchait probablement à se rapprocher de O’Brien ou de Macarthy… »
À ce moment, Pieter Kip aperçut les deux Irlandais qui échangeaient quelques rapides paroles avec un des constables, celui qui dirigeait leur escouade… Son esprit fut traversé d’une lueur soudaine… Ce constable, Farnham, était Irlandais comme eux… Serait-ce donc lui ?…
Il était alors six heures du soir, et le chef des constables ayant donné le signal de retraite, la colonne, reformée sous la direction des gardiens, se mit en marche par rangs de deux en remontant vers Port-Arthur. Les frères Kip étaient à la queue de cette colonne, tandis que les Irlandais s’avançaient en tête. Et quelles étaient leurs mortelles inquiétudes que partageait Farnham !… Nul doute que le billet eût été déposé par Walter, nul doute qu’il eût été perdu ou pris !…
Sept heures sonnaient lorsque les convicts rentrèrent au pénitencier, et, le dernier repas achevé, Karl et Pieter Kip réintégraient leur cellule.
Faute de lumière, ils n’auraient pu relire le billet, mais ce n’était pas nécessaire. Pieter Kip en avait retenu les phrases mot pour mot.
Oui ! une évasion était préparée !… Oui ! il s’agissait de O’Brien,