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LES FRÈRES KIP

C’étaient les frères Kip.

On ne l’a point oublié, ils avaient remarqué les allées et venues de Walter sur la route. Peut-être pensèrent-ils alors que cet homme cherchait à se mettre en rapport avec l’un des convicts. Toutefois, cela n’avait pas tenu leur attention en éveil au même degré que Farnham et ses compatriotes. Ils n’avaient point vu Walter détacher une feuille de l’arbre, y rouler un papier, la jeter sur le sol. Si donc ce billet était tombé en leur possession, c’était par pur hasard.

En effet, tandis que les escouades s’occupaient de l’abattage, Karl et Pieter Kip allaient et venaient sur la route pour y marquer les arbres en bordure.

Lorsque Pieter Kip, qui devançait son frère, se trouva près de l’arbre, il en fit le tour avant de lever sa serpe pour en entailler le tronc.

Or, à ce moment il aperçut entre deux racines une feuille verte à demi roulée de laquelle sortait un bout de papier. Après l’avoir ramassée, il reconnut qu’elle renfermait un billet portant quelques lignes d’écriture.

En un instant Pieter Kip eut lu ce billet. Puis s’étant, d’un rapide coup d’œil, assuré que personne ne l’avait vu, il le glissa dans sa poche.

Son frère le rejoignit ; tandis que tous deux procédaient à leur travail, il le mit au courant :

« Il s’agit d’une évasion… oui !… une évasion !… murmura Karl Kip… des condamnés qui vont recouvrer leur liberté… des criminels… tandis que nous…

— Karl, ce ne sont ni des assassins ni des voleurs !… répondit Pieter Kip. Il s’agit des deux Irlandais… O’Brien et Macarthy… Des amis ont préparé leur fuite !… »

Et, de fait, ce billet n’avait pu être adressé qu’aux Irlandais déportés à Port-Arthur.