Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/411

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
383
LES FENIANS.

— Peut-être, répondait Macarthy, et, dans ce cas, il ne se passera pas quarante-huit heures sans que Farnham ait été averti… »

Et ils demeuraient pensifs.

Alors la rude voix du chef des constables les rappelait au travail, et, pour ne point éveiller les soupçons, Farnham ne les ménageait pas.

Quant à lui, son service terminé, il quittait le pénitencier, il se rendait à la ville, il errait à travers ses rues, sur le port, avec l’espoir de rencontrer Walter. Vainement. Après tout, ce n’était pas à Port-Arthur, mais à Hobart-Town que Walter devait attendre l’Illinois, et il ne reparaîtrait aux environs du pénitencier qu’après l’arrivée du steamer, afin de donner les dernières instructions à Farnham.

Ce jour-là, dans l’après-midi, plusieurs escouades, — entre autres celle à laquelle appartenaient les fenians, — furent envoyées à cinq milles, dans la direction du sud-ouest. Là, sur la lisière de la forêt, se faisait un grand abattage d’arbres pour l’établissement d’une ferme dont l’administration avait décidé la création, à un demi-mille seulement de la côte.

Or, comme il s’agissait de délimiter l’emplacement de cette ferme, les frères Kip furent joints à l’escouade. On les avait chargés de surveiller l’exécution des plans auxquels ils avaient travaillé dans les bureaux.

Les convicts, dont le nombre s’élevait à une centaine, marchaient sous la surveillance d’une vingtaine de constables et de leur chef.

Comme d’habitude, les condamnés portaient la chaîne rivée au pied et rattachée à la ceinture. Toutefois, depuis leur entrée dans les bureaux du pénitencier, Karl et Pieter Kip, exemptés de cette lourde entrave, n’avaient du forçat que l’accoutrement jaune de Port-Arthur.

Du jour où ils échangèrent quelques paroles, quelques remer-