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LE BRICK « JAMES-COOK ».

les épaules, il faut aller à Wellington… Mais j’espère que nous n’irons pas à Wellington et on n’y débarquera personne,

— Pas d’imprudence, Mod !

— Enfin… Flig Balt, le capitaine n’est pas content ?…

— Non.

— Qu’importe, si nous le sommes ! »

Le maître d’équipage revint vers l’arrière.

« Tout est paré ?… lui demanda M. Gibson.

— Tout, capitaine. »

Le James-Cook évoluait alors en se rapprochant du quai dont il allait contourner la pointe à moins d’une demi-encablure. Là s’était formé un groupe, marins et badauds, que la vue d’un navire sous voiles intéresse toujours. Et d’ailleurs, depuis plusieurs semaines, on était privé de ce spectacle, puisque les bâtiments n’avaient pu quitter leur mouillage.

Or, dans ce groupe se voyaient quelques policemen dont l’attention paraissait très attirée sur le James-Cook. Cela se devinait à leurs gestes, à leur attitude. Même deux ou trois de ces agents se détachèrent et coururent vers l’extrémité du quai que le brick ne tarderait pas à ranger.

Précisément, — ni Flig Balt ni Vin Mod ne purent s’y tromper, — ces policemen étaient de ceux qu’ils avaient vus la veille dans la taverne d’Adam Fry. Len Cannon et ses camarades risquaient donc d’être reconnus, et qui sait si le James-Cook, hélé au passage et recevant l’ordre de s’arrêter, ne serait pas mis en demeure de livrer les matelots des Three-Magpies ?…

Après tout, le capitaine Gibson, quitte à ne point se départir d’une extrême surveillance, trouvait son avantage à les conserver, ce qui lui permettait de mettre en mer, et il eût été fort embarrassé s’il avait dû les rendre à la police. Aussi, après deux mots que lui dit Flig Balt, approuva-t-il que Vin Mod fît descendre dans le poste