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LES FRÈRES KIP

ces deux hommes sont condamnés à perpétuité, et pour avoir voulu l’indépendance de leur pays ! »

Toutefois, si les fonctions de Farnham au pénitencier étaient de nature à faciliter l’évasion des fenians, il ne semblait pas que l’occasion fût près de se présenter. Depuis plus d’un an, les deux Irlandais savaient par lui que des amis d’Amérique s’occupaient de préparer cette évasion, et aucun avis ne leur était parvenu. Aussi O’Brien et Macarthy commençaient-ils à désespérer, lorsque, dans la soirée du 20 avril, Farnham leur avait fait la communication suivante :

Il revenait de Port-Arthur au pénitencier, quand un individu s’approcha de lui, l’appela de son nom, lui donna le sien, — Walter, — et le mot de passe convenu entre les fenians de San Francisco et lui. Puis il le prévint que la tentative d’évasion allait être prochainement faite dans les conditions que voici : avant une quinzaine de jours, le steamer Illinois, parti de San Francisco pour la Tasmanie, arriverait à Hobart-Town et resterait sur rade. Là il attendrait des circonstances favorables pour traverser Storm-Bay et se rapprocher de la presqu’île. Le jour et le point de la côte où il enverrait son embarcation seraient indiqués par un avis ultérieur. Cet avis, en cas que Farnham et son interlocuteur, lorsqu’ils se reverraient, ne pussent se parler, serait un billet enveloppé d’une feuille verte que Walter laisserait tomber au pied d’un arbre, où Farnham pourrait le ramasser sans être vu. Il n’y aurait plus qu’à se conformer aux derniers renseignements contenus dans ce billet.

On se figure quelle fut l’émotion et aussi la joie des deux Irlandais à la suite de cette communication. Avec quelle impatience ils allaient attendre l’arrivée de l’Illinois en rade d’Hobart-Town, espérant que sa traversée ne serait retardée par aucun incident de mer. Dans l’hémisphère méridional, avril n’est pas encore le