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LES FRÈRES KIP

Les efforts du grand orateur échouèrent en partie. On traduisit les accusés en avril 1868 devant la Cour criminelle centrale. Il y eut une condamnation à mort prononcée contre l’un d’eux, Michel Baret, âgé de vingt-sept ans, dont Bright ne put empêcher l’exécution.

Cependant, si, depuis l’explosion de Clerckenwell, le fenianisme avait perdu dans l’opinion publique, les poursuites n’étaient pas pour enrayer ses représailles. On pouvait toujours craindre que la cause de l’Irlande ne poussât à quelque tentative désespérée les hommes qui la soutenaient. Aussi, grâce à l’énergie de Bright devant la Chambre des Lords et la Chambre des Communes, un pas en avant fut-il fait avec le bill de 1869. Ce bill mit sur le pied d’égalité les églises irlandaise et anglicane, en attendant une loi relative à la propriété foncière, rendue dans un esprit d’équité qui justifierait le nom de Royaume-Uni que portent l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande.

Néanmoins, la police ne se relâcha pas, et les fenians se virent traqués sans merci. Elle parvint à déjouer plusieurs complots dont les auteurs furent poursuivis et condamnés à la déportation.

Parmi eux, après une tentative à Dublin en 1879, se trouvaient les Irlandais O’Brien et Macarthy. Ils appartenaient tous les deux à la famille de ce Farcy qui fut compromis dans l’affaire de 1867.

Les révoltés ayant été dénoncés, la police les arrêta avant qu’ils eussent pu mettre leurs projets à exécution.

O’Brien et Macarthy ne voulurent jamais compromettre leurs complices. Ils assumèrent sur eux seuls la responsabilité de cette conspiration. La Cour se montra d’une excessive sévérité. Elle les condamna à la déportation perpétuelle et ils furent envoyés au pénitencier de Port-Arthur.

Ce n’étaient pourtant que des condamnés politiques ; mais, de ces condamnés, Port-Arthur en renfermait déjà lorsque Dumont d’Ur-