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LES FRÈRES KIP

avoir appareillé, prendre du tour pour éviter quelques navires mouillés à l’entrée du chenal et se rapprocher du quai qui borde le port à droite.

M. Gibson donna ses ordres. Les deux huniers, la trinquette, les focs et la brigantine furent successivement établis. Pendant cette manœuvre, il parut constant que Len Cannon et ses camarades connaissaient le métier, et, lorsqu’ils eurent à monter jusqu’aux barres des perroquets, ils le firent en hommes qui n’ont plus rien à apprendre du service de gabiers.

L’ancre, étant à pic, fut hissée au moment où les écoutes étaient raidies pour mettre le brick en bonne direction.

Flig Balt et Vin Mod purent échanger quelques mots pendant la manœuvre.

« Eh ! fit celui-ci, nos recrues vont bien…

— Assez proprement, Mod…

— Encore trois lascars de cette sorte, et nous aurions l’équipage qu’il nous faut…

— Et le navire qu’il nous faudrait…, ajouta Flig Balt à mi-voix.

— Et le capitaine qu’il nous faudrait !… » déclara Vin Mod, en portant la main à son béret, comme s’il se fût tenu devant son chef.

Flig Balt l’arrêta du geste, craignant que ces imprudentes paroles pussent être entendues du mousse, occupé à tourner l’écoute du petit foc. Puis il allait regagner le rouf, lorsque Vin Mod lui demanda comment M. Gibson avait trouvé les quatre habitués des Three-Magpies.

« Il a paru médiocrement satisfait…, répondit Flig Bail.

— Le fait est que nos recrues ne payent pas de mine ! répliqua Vîn Mod.

— Je ne serais pas surpris qu’il voulût les débarquer à Wellington…, dit Flig Balt.

— Pour débarquer à Wellington, ajouta Vin Mod en haussant