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LE BRICK « JAMES-COOK ».

— Ils ont navigué avec lui au long cours, et, à l’en croire, ce sont de bons marins. »

Le maître d’équipage mentait effrontément. Aucun officier ne lui avait parlé de ces quatre hommes ; mais son assertion ne pouvait plus être contrôlée, et M. Gibson n’avait aucune raison d’en suspecter la valeur.

« On aura soin de ne pas les mettre de quart ensemble, dit le capitaine : les deux Anglais avec Hobbes et Wickley, l’Irlandais et l’Américain avec Burnes et Vin Mod… Ce sera plus sûr…

— Compris, capitaine ; et, je vous le répète, une fois en mer, ils ne bouderont pas au travail… C’est seulement en relâche, et particulièrement à Wellington, qu’ils seront à surveiller… Pas de permission, si vous m’en croyez, ou ils pourraient bien ne pas revenir à bord…

—- N’importe, Balt, ils ne m’inspirent point confiance, et, à Wellington, si je puis les remplacer…

— On les remplacera », répondit le maître d’équipage.

Flig Balt ne voulut pas insister plus qu’il ne convenait, ni paraître tenir à ces marins d’occasion.

« Après tout…, ajouta-t-il, j’ai fait pour le mieux, capitaine, et je n’avais pas grand choix !… »

M. Gibson revint vers l’arrière, près de l’homme de barre, tandis que Flig Balt se rendait à l’avant, afin de faire virer l’ancre et la ramener à poste, dès que les voiles seraient orientées. Le capitaine regarda le compas de l’habitacle posé devant la roue du gouvernail, puis la girouette à la pointe du grand mât, puis le pavillon britannique que le vent déployait à la corne de brigantine.

Le James-Cook se balançait sur sa chaîne au milieu du port. La brise, soufflant du nord-ouest, devait favoriser sa sortie. Après avoir descendu le chenal jusqu’à Port-Chalmers, il trouverait bon vent pour remonter de la côte orientale de la Nouvelle-Zélande jusqu’au détroit qui sépare les deux îles. Toutefois, il lui faudrait, après