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ENSEMBLE.

— Je la connais… Cet excellent homme ne les croit pas coupables, mais il est influencé par ses souvenirs, et il n’a rien pu obtenir pour eux, si ce n’est une commutation de peine par l’intermédiaire du gouverneur…

— Songe donc, reprit Mme Skirtle, combien cette condamnation lui paraîtra plus injuste encore, lorsqu’il apprendra ce que vient de faire Karl Kip… »

Le capitaine ne répondit pas, car il avait été déjà très impressionné de ce que lui avait déclaré M. Hawkins relativement aux deux frères. Mais, à la réflexion, en présence des preuves matérielles, les papiers d’Harry Gibson en la possession de Karl et de Pieter Kip, le kriss, instrument du crime, découvert dans la valise, était-il permis de douter ?…

« Dans tous les cas, mon ami, reprit Mme Skirtle, j’ai une grâce à te demander… une grâce qui ne dépend que de toi, et que tu ne me refuseras pas…

— Cette grâce, c’est que les deux frères ne soient plus séparés l’un de l’autre désormais ?…

— Oui… tu m’as comprise !… Dès aujourd’hui, tu autoriseras Pieter Kip à rester près de son frère… à lui donner ses soins…

— Je le ferai assurément, déclara M. Skirtle.

— Et moi aussi, je le visiterai, reprit Mme Skirtle. Je veillerai à ce que ce malheureux ne manque de rien… Et qui sait… plus tard ?… »

En attendant, le vœu des deux frères allait être comblé, et, ce qu’ils avaient désiré avec le plus d’ardeur, ils ne seraient point séparés.

Donc, à partir de ce jour, Karl et Pieter Kip se virent à toute heure. Puis, à trois semaines de là, lorsque, sa blessure presque cicatrisée, Karl Kip eut pu quitter l’infirmerie, tous deux se promenaient dans la cour du pénitencier. Ils occupaient maintenant