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LE BRICK « JAMES-COOK ».

Wellington, et par lesquels il pressait le capitaine de reformer son équipage. Il parlait même de venir à Dunedin, s’il le fallait, bien que les affaires exigeassent sa présence à Wellington, M. Gibson, on l’a vu, n’avait rien négligé, ayant hâte de lui donner satisfaction, et on n’oublie pas à quelles difficultés il s’était heurté, nombre d’autres capitaines se trouvant dans le même embarras. Enfin Flig Balt avait réussi, et, lorsque les quatre matelots de la taverne des Three-Magpies furent à bord, il fit hisser les embarcations afin qu’ils ne pussent décamper pendant la nuit.

Le soir même, Flig Balt raconta au capitaine comment les choses s’étaient passées, comment il avait profité d’une bagarre pour soustraire Len Cannon et trois autres aux recherches de la police. Ce qu’ils valaient, on le verrait bien… Le plus souvent, ces mauvaises têtes se calment quand le navire est en mer… Les tapageurs en bordée font la plupart du temps d’excellents matelots… En somme, le maître d’équipage croyait avoir agi pour le mieux.

« Je les verrai demain, dit M. Gibson.

— Oui… demain, répondit maître Balt, et mieux vaut, capitaine, les laisser cuver leur gin jusqu’au matin…

— C’est entendu. D’ailleurs, les embarcations sont sur les palans, et, à moins qu’ils ne se jettent par-dessus le bord…

— Impossible, capitaine… Je les ai envoyés dans la cale et ils n’en sortiront qu’au moment du départ…

— Mais, le jour venu, Balt ?…

— Oh ! le jour venu, la crainte de tomber entre les mains des policemen les retiendra abord.

— À demain donc », répondit M. Gibson.

La nuit s’écoula, et, sans doute, il eût été inutile d’enfermer Len Cannon et ses camarades. Ils ne songeaient guère à se sauver et dormirent bruyamment du sommeil de l’ivrogne.

Le lendemain, dès l’aube, le capitaine Gibson fit les préparatifs