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LES FRÈRES KIP

doute, des charges accablantes s’élevaient contre eux !… M. Hawkins ne comprenait pas… et, brisé par l’émotion, il ne put parler davantage.

Rien de spécial à relever dans les dépositions des matelots du James-Cook, Hobbes, Wickley, Burnes, ni dans celles de Len Cannon, Sexton, Kyle, Bryce et Koa.

Quant à Vin Mod, ses réponses à l’attorney furent très affirmatives en ce qui concernait Flig Balt. Quelques jours avant que la tentative de révolte éclatât à bord du brick, le maître d’équipage lui avait paru en proie à de sourdes colères… Était-ce seulement parce que Karl Kip l’avait remplacé dans le commandement du brick ?… Vin Mod avait toujours pensé que Flig Balt devait avoir quelque autre grave motif…

« Enfin, il ne vous en a rien confié ?… demanda l’attorney.

— Rien », répondit Vin Mod.

Il restait cependant une considération toute en faveur des deux accusés : c’est que jamais le poignard n’avait été vu entre leurs mains pendant la traversée. Cela résultait même de la déclaration de Flig Balt, et c’était avec une certaine raison que Pieter Kip put de nouveau déclarer :

« Si ce kriss eût été retrouvé par nous sur l’épave, si nous l’eussions rapporté à bord du brick, nous ne l’aurions pas plus caché que nous n’avons caché les autres objets contenus dans notre valise… Y a-t-il un témoin qui ait vu ce poignard en notre possession ?… Non, pas un seul !… Il est vrai, au cours de la perquisition à l’auberge du Great-Old-Man, les agents l’ont saisi avec l’argent et les papiers du capitaine… Eh bien, nous l’affirmons, puisqu’il y était, c’est qu’on l’y avait mis en notre absence et à notre insu ! »

À ce moment, les débats furent marqués par un incident des plus graves, incident de nature à détruire tout incertitude dans