Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
320
LES FRÈRES KIP

pièces d’or roulèrent sur le plancher du rouf, des piastres, en même temps que des papiers s’échappaient de la valise, et ces papiers, c’étaient ceux du bord, qui avaient disparu depuis l’assassinat du capitaine. »

Quant au poignard, si Flig Balt n’en avait pas parlé, c’est qu’il ne l’avait point vu. Il ignorait même que cette arme appartînt aux accusés… Mais, à présent, il ne s’étonnait plus que la police l’eût saisie dans la chambre de l’auberge de Great-Old-Man, puisque c’était celle qui avait frappé Harry Gibson… D’ailleurs, si les frères Kip n’hésitaient point à déclarer l’avoir achetée aux Moluques, à Amboine, ils ne mettaient pas en doute qu’elle eût disparu dans le naufrage de la Wilhelmina… Ce qu’ils affirmaient, c’était que jamais ni l’un ni l’autre ne l’avaient rapportée à bord du James-Cook, et ne pouvaient comprendre qu’elle eût été retrouvée dans leur valise.

Pieter Kip se contenta d’objecter :

« On voit dans les archipels mélanésiens des kriss de cette espèce en grand nombre… Il est peu d’indigènes qui n’en possèdent un… C’est l’arme qui leur est familière… Il est donc possible que celui que vous affirmez avoir été l’instrument du crime ne soit pas le nôtre, car tous ces kriss se ressemblent, étant de fabrication malaise… »

Cette réponse provoqua encore des murmures que dut réprimer le président. Puis, l’attorney de faire observer que ce poignard était bien l’arme ayant servi au meurtre, puisque la virole qui lui manquait, envoyée par M. Zieger, s’y adaptait parfaitement…

« J’ajouterai, dit alors Pieter Kip, que personne du bord n’a jamais vu cette arme entre nos mains, et si nous l’avions retrouvée sur l’épave, il est probable que nous l’aurions montrée soit à M. Hawkins, soit à Nat Gibson… »

Mais son frère et lui sentirent bien que cette argumentation